Ghada Hatem-Gantzer

Ghada, la maison des femmes

Le Docteur Ghada Hatem-Gantzer est gynécologue-obstétricienne cheffe de service à l'hôpital de Saint Denis, et fondatrice de La Maison des Femmes, ce lieu encore unique en France qui depuis juillet 2016 accueille et accompagne les femmes vulnérables ou victimes de violences, et leur propose un parcours complet de soins. Grâce à Ghada et son équipe, déjà plus de 11000 femmes y ont trouvé accueil, soin et écoute. Découvrez le portrait de Ghada, une femme inspirante, engagée, forte.

Vous êtes arrivée en France à 18 ans: quel a été votre parcours?

J'ai fait mes études primaires et secondaires au Lycée Français de Beyrouth et il m'a semblé normal de poursuivre ma formation universitaire en France. J'ai habité un petit studio dans le 5ème avec une amie venue faire médecine comme moi, et consciente que je n'étais pas là pour rigoler (la guerre civile faisait encore rage à l'époque et il n'était pas question de s'amuser) j'ai travaillé dur pour être admise du premier coup en 2ème année malgré le numérus clausus.

La suite s'est enchainée simplement, l'internat des hôpitaux de Paris, une spécialisation en gynécologie-obstétrique, des postes dans différentes maternités (Les Bluets, l'hôpital Bégin) avant d'atterrir en 2010 à Saint-Denis.

Comment est née votre volonté de créer La Maison des Femmes, et quelle est sa vocation?

Lorsque j'ai pris mes fonctions de cheffe de service à la maternité de Saint-Denis j'ai été frappée par la précarité de la population et la violence des situations. Comme l'espace dont j'ai hérité pour le centre de planification était ridicule, j'ai eu envie de créer un lieu dédié, beau, un peu distinct de l'hôpital, pour accueillir les femmes dont les problématiques étaient trop complexes ou trop intimes pour être abordées dans une consultation standard.

D’où vous vient votre engagement profond pour la cause des Femmes et votre pugnacité (que l’on admire tant..)?

Cet engagement remonte à mon enfance, seule fille dans une famille avec 3 garçons, dans un monde où la culture orientale prévaut et où la place de la femme est rarement enviable. Je déteste l'injustice et les avenirs fermés, donner d'autres options aux femmes était une nécessité.

Ici bien sûr on parle aussi de cheveux… et avec tout ce que ce sujet implique comme rapport (parfois complexe) à la féminité, à l’estime de soi, et à son propre héritage… Vous avez une chevelure magnifique, d’où vous vient-elle? Et avez-vous une relation particulière avec vos cheveux?

J'ai une chevelure "métèque" héritée de mes chromosomes arabes. Elle est tellement particulière qu'elle est devenue comme un signe distinctif et bien sûr j'y suis très attachée. Evidemment, avec l'âge il faut en prendre soin alors que plus jeune, je me réjouissais d'avoir zéro soins. Mon fils a les mêmes, surnommé "La touffe" par ses camarades, et ma fille a une version plus mixte, moins frisée que je trouve magnifique.

La maison des femmes

A travers Shaeri, nous voulons aider les femmes à avoir confiance en elles; ainsi, beaucoup de femmes nous ont confié avoir pris confiance en elles le jour où elles ont accepté leur nature de cheveux, leur nature profonde… Vous qui êtes confrontée quotidiennement à la grande vulnérabilité de femmes de tous horizons et de toutes origines, comment les aidez-vous concrètement à La Maison des Femmes dans ce chemin vers l’estime de soi?

Et bien nous travaillons un peu avec la même idée, accepter les événements douloureux de sa vie et en faire quelque chose. J'ai découvert récemment une femme exceptionnelle, Edith Eger. D'ailleurs je recommande la lecture de son ouvrage "Le choix d'Edith" et je me permets de la citer: "Quand nous ne nous autorisons pas à faire le deuil de nos pertes, de nos blessures et de nos déceptions, nous nous condamnons à les revivre. Etre libre réside dans le fait d'apprendre à faire nôtre ce qui s'est passé. Etre libre signifie que nous puisions en nous le courage de démanteler la prison, brique après brique"

Dernières questions: quels sont vos projets avec La Maison des Femmes, et est-il prévu d’en créer d’autres ailleurs en France?

Nous avons bien sûr le projet de dupliquer notre modèle auquel nous croyons fortement car il semble répondre à un réel besoin. Nous avons donc besoin de la société civile pour accompagner ce déploiement, tant d'un point de vue financier que pour renforcer nos actions de sensibilisation et de plaidoyer auprès des pouvoirs publics, mais aussi pour s'impliquer concrètement auprès des femmes, chacune et chacun avec sa sensibilité et ses talents propres. 

Shaeri ❤️ Ghada

Grâce à Ghada et à son équipe, ainsi qu'à la mobilisation et l'engagement des formidables Band of Sisters, La Maison des Femmes continue de se développer. Mais les besoins énormes! Alors pour la soutenir, faites un donc directement sur leur site hello asso.

#donnercestsoigner

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